Kvar lo – Sabine Huynh
Encres de Caroline François-Rubino
Postface de Philippe Rahmy
Éditions Æncrages & Co, collection Écri(peind)re
Février 2016
Prix CoPo 2017
• Note de lecture d’Isabelle Lévesque sur Terres de Femmes, avril 2016
• Note de lecture d’Angèle Paoli sur Terres de Femmes, avril 2016
• Note de lecture de Serge Martin sur Poezibao, juillet 2016
• Article de Pascal Boulanger dans la revue Europe n°1049, septembre-octobre 2016
• Note de lecture de Franck C. Yeznikian dans CCP Cahier critique de Poésie, octobre 2016
« Kvar Lo » de Sabine Huynh : creuser la pierre à mains nues. Il y a dans la langue de Sabine Huynh quelque chose d’un combat qui ne cesse jamais. Langue heurtée, qui revient comme une vague quand on peut penser que cela finit, et qui recompose aussitôt ce qui avait été fragilement ébauché auparavant. Langue qui cherche, dans la multitude des mots et des langues, ce qui exprime au plus près la perte et comment il nous faut, comme le dit Camus, « continuer, seulement continuer. » Étrange et fascinante alchimie entre la chair nue et la pierre, c’est en hébreu qu’elle dit trouver le mot juste : Kvar Lo, ce qui n’est déjà plus. Comme une humanité qui aurait besoin de toutes ses langues, de tout ce qu’elles sont capables d’exprimer pour faire lumière sur elle-même, c’est en cherchant dans ces mots nomades qu’elle trouve la possibilité de nommer la catastrophe et l’énergie pour tenir debout. Et sa poésie nous emporte bien au delà de sa lecture, nous habite encore, même après l’oubli, comme une voix qui ne veut pas mourir, celle d’une femme venue du silence et qui n’a que les mots à offrir en partage. À cette poésie, où lutte et abandon font jeu égal, s’ajoute la beauté des encres de Caroline François-Rubino, illustrant parfaitement ce qui chute et se relève, ce qui en tout cas ne se couche jamais mais sombre ou rejaillit sans cesse nouveau, sans cesse recommencé. Le tout dans un ouvrage d’une sobre élégance, réalisé par une maison d’édition qui porte haut et fort l’exigence de la belle ouvrage : Æncrages & Co. »
Patrick Verschueren,
Metteur en scène, directeur artistique de la FACTORIE / Maison de Poésie de Normandie.