Brumes – Françoise Ascal
Peintures de Caroline François-Rubino
Postface de Sabine Huynh
Éditions Æncrages & Co, collection Écri(peind)re
Octobre 2021
• Terre à ciel – Entretien avec Francoise Ascal et Caroline François-Rubino par Isabelle Lévesque
• Poezibao – anthologie permanente
• talent.paperblog – Francoise Ascal / il fait un temps de bruyère
• La pierre et le sel – un jour un texte : Françoise Ascal / j’écris le mot brume…
• Libr-critique – Francoise Ascal / Brumes par Carole Darricarrère
• Atelier du passage – lecture de Françoise Germanaud
• Poezibao – lecture de Sabine Dewulf
• Verre menthe – blog de Valérie Canat de Chizy : Brumes
• Terre à ciel/Lus et approuves-fevrier 2022 par Valerie Canat de Chizy
• Lecture de Patrick Corneau :
Françoise Ascal est de ces personnes – elles ne sont pas si nombreuses que cela, même parmi les poètes – qui lèvent les yeux au ciel, non pour gémir, se lamenter sur les calamités que notre âge de déraison numérisante draine mais, dans un monde laminé et aveuglé par une horizontalité métastatique, nous rappeler qu’il y a un monde d’en haut, une salutaire verticalité faite de météores (brumes et nuages) derrière lesquels « s’avivent les feux du ciel », dispensateurs de cette lumière où nous puisons la force de renaître « après avoir désespéré ». Le petit livre sobrement intitulé Brumes que Françoise Ascal publie avec le contrepoint des belles peintures atmosphériques de Caroline François-Rubino ne peut que ravir les néphélibates – et, bien entendu, tous ceux qui regardent plus loin que le bout de leur smartphone… La brume à première vue semble opaque et muette, il suffit d’un souffle d’air pour que perce alors une luminescence porteuse de couleurs chatoyantes pleines de promesses. Phénomènes naturels, brumes et brouillards sont chez Françoise Ascal des figures de l’inconnu imprégnant toute chose vivante. L’invisible se logerait-il là comme la noix d’or en sa coquille ? Faut-il briser celle-ci pour parvenir à la connaissance absolue ? – Pure illusion. Le poète en sa douceur native s’attache à préserver le mystère de la nature : « Ne soulève pas le voile ! » conseille la sagesse ancestrale. Plutôt donc se fondre en elle, à la manière des peintres chinois, par une perception active, une communion attentive qui conduit à la méditation, et possiblement à la connaissance. Ainsi, comme l’écrit Sabine Huynh en postface : « Brumes constitue l’éloge de la réceptivité avant la connaissance. Poètes et peintres ne seraient-ils pas avant tout des voyants ? »
On a pu reprocher à la poésie de dire de petites choses avec de grands mots, de parler trop haut et à la deuxième personne du singulier, « un tu qui ne veut pas être tu » (Michel Schneider), l’art tout de sprezzatura de Françoise Ascal est l’exact contraire : elle vouvoie la vie dont elle nous chuchote de grandes choses insoutenablement légères.